Lilith Louarn
Je vais vous raconter une histoire qui m’est arrivée il y a peu de temps, et qui a donné naissance à cette dernière gravure. Histoire, réalité, rêve, imaginaire, nommez cela comme bon vous semblera..
Pour commencer cette histoire, je vous invite à écouter cette délicieuse musique qui l’accompagne : All other things can wait de The Subtheory.
C’était à la fin de ce mois d’août, la nuit du 19 au 20 pour être précise.
Je vagabondais pour quelques jours en Bretagne, me laissant porter par…qui sait…la brise peut-être.. L’avant-dernier jour, je découvre cet endroit qui m’invite à passer cette fin de journée et y dormir.
Il y fait bon, c’est beau, je m’y sens bien.
Le soir arrive. Le ciel se couvre, la nuit et la pluie tombent ensemble.
Je m’endors au son de cette pluie sur la tôle. Au son de la pluie sur ma tombe.
Je me réveille en plein milieu de la nuit, littéralement trempée de sueur. Me rendors. Une fois, deux fois, trois fois…combien de fois ? Je ne sais pas…
Cette nuit là est passée près de moi Lilith Louarn. Car cette nuit là, je me suis endormie près de son terrier.
Moitié humaine. Moitié renarde. Renarde cornue.
Les orbites vides. Pourtant, elle voit tout. Ressent tout.
Du creux de la terre, du fin fond de son terrier, c’est durant les nuits de lune pleine que ressort cet être étrange.
L’entrée de son terrier, dissimulée au centre d’un cercle de pierre, se trouve tout en haut d’une colline. Au sommet de son territoire, dont je ne dévoilerai pas le lieu exact.
Cette colline est située en centre Bretagne. Entourée d’arbres et de landes, là où se retrouvent amoureusement Ciel et Terre.
Pas la moindre trace d’habitation à des kilomètres à la ronde.
Lilith Louarn se tient loin des pollutions humaines. Loin de leurs demies-vies, leurs sombres pensées et émotions affolées qui se diffusent malgré eux ; s’emmêlent, débordent, s’engluent les unes aux autres jusqu’à former un épais et nauséabond brouillard.
Cette nuit là, cette nuit de pleine lune, Lilith sort de son terrier, ses sens à l’affût. Elle sonde les environs et sent ce brouillard humain, le brouillard d’une âme qui a traversé les limites de son territoire.
Et lorsque Lilith sent cela, alors…elle souffle..Elle souffle fort sur cette masse épaisse invisible à nos yeux, ce voile pesant qui pourtant nous entrave et nous étouffe.
C’est mon brouillard qui se trouve là. Celui qui parfois revient pendant mon sommeil. Le brouillard à cauchemars comme je l’appelle. Celui dont je hais les souvenirs et l’état de terreur dans lequel il me laisse au réveil.
Cette nuit je me suis retrouvée ensevelie sous ma propre montagne de brouillard, à ne plus pouvoir, à ne plus savoir respirer. Je cherchais un peu d’air pour reprendre mon souffle, essayant en même temps d’ouvrir mes yeux, ne distinguant plus le rêve de la réalité, mais le brouillard était si épais, lourd et visqueux, qu’il m’était impossible de bouger ne serait-ce que mes paupières.
Et j’entendais, tout près de moi, de l’autre côté de la tôle :
“Les démons que tu portes sont en train de transpirer par tous les pores de ta peau. Une vague brûlante déblaie ton âme. Reçois ce souffle. Incandescent. Laisse-le atteindre le coeur de ton être. Si tu laisses cette vague te traverser, tes lointaines mémoires remonter à la lueur de ce feu que je t’offre, tu pourras à nouveau ouvrir les yeux. Il fera enfin jour lorsque tu te lèveras à nouveau. Traverses. Il fera enfin jour…”
Au petit matin de cette nuit agitée, je me suis réveillée, sereine. Apaisée.
Légère.
A mes pieds j’ai trouvé un tas de cendres.
Les cendres du passé.
Alors à mon tour j’ai soufflé.
J’ai soufflé sur ce tas de cendres qui s’est envolé,
Léger, léger….
Cette nuit là, Lilith Louarn m’a fait renaître de mes cendres.
Voilà l’histoire de cette rencontre avec Lilith Louarn.
J’ai aujourd’hui une pensée pour une de mes arrières grand-mères qui portait le nom de Louarn : Renard.
Jeanne-Olive Louarn, toi que je n’ai pas connue, il me plaît d’imaginer que dans cette histoire une partie de nos ombres communes, peut-être se sont envolées ensemble.
Il est l’heure de sortir du brouillard…
Linogravure à plaque perdue
Cette gravure est la toute première dite “à plaque perdue” ( non, en fait, la toute toute première était tellement désastreuse que vous ne la verrez sans doute jamais !!! ).
Qu’est-ce-que c’est ? Pour faire simple, il s’agit d’imprimer une gravure en plusieurs couleurs en gardant la même plaque, que l’on creuse/grave à nouveau après chaque étape, chaque impression d’une couleur.
On ne peut donc pas revenir en arrière car le support est gravé au fur et à mesure, donc à la fin, la plaque est “perdue” ! Le tirage est donc d’autant plus en édition limitée.
Pour cette première, Lilith a été imprimée en seulement 12 exemplaires, et il n’y en aura donc pas d’autres !
10 sur papier ivoire, 2 sur papier couleur kraft.
Pour l’adopter, rendez-vous ici.
Merci pour votre lecture.
Un dernier petit son tout doux, joli et léger, pour terminer :
Patch de la dernière chance de Birds on Wire